Connaissez-vous la Ferme à Raymonde, près de Brest ? Véritable paradis des jardiniers avertis et en herbe, c’est un lieu pédagogique, collaboratif, participatif et intergénérationnel ! Bernard Cerdan, un guide composteur pailleur bénévole nous accueille avec bienveillance pour nous faire découvrir son « uni-vert »… !
C’est quoi La ferme à Raymonde ?
Depuis 2 ans, l’association Vert Le Jardin s’est installée à Guipavas, dans une ancienne ferme conventionnelle de 2 hectares. Vert Le Jardin a pour vocation de faire la promotion et le développement du jardinage au naturel en Bretagne avec :
- La gestion de plus d’une centaine de jardins partagés en Bretagne
- L’installation de plus de 100 composteurs collectifs en bas d’immeubles sur Brest, avec des formations de compostage, entretien et suivi.
A la Ferme à Raymonde, l’association mêle aussi bien ses activités de compostage, de jardinage au naturel que son rôle social… et ils sèment toujours plus de nouveaux projets !
- Compostage et broyage :
- Récupération de déchets verts de jardiniers professionnels
- Récupération d’invendus de la banque alimentaire, de magasins alimentaires…
- Récupération de compost dans les collectivités : restaurants universitaires, écoles, EPAHD, résidences universitaires, jardins partagés… et places publiques dans les villes et dans les immeubles de particuliers s’il y a des résidents motivés.
- Récupération de 6 à 8.000 sapins de noël pour les broyer et réutiliser dans les allées et/ou les plantations de terre de bruyère.
- Jardinage naturel : potager participatif
- 1 samedi / mois : chantier participatif avec des bénévoles, ouvert à tous !
- De nombreux espaces de potagers en permaculture sur les 2 hectares de terrain
- 1 mare créée pour offrir un abri à la biodiversité utile au potager (crapauds, limaces…)
- Plantation d’une nouvelle forêt avec des dons participatifs : 170 arbres à 100 € ont déjà été plantés.
- Rôle social :
Accueil de bénévoles, scolaires, EPAHD, handicap, maisons de quartier, associations Parentel, insertion sociale… - Visites, activités de jardinage et d’autres activités de plein air comme la kermesse à Raymonde ou le festival « Nain porte quoi ! »
- Projets à venir :
- Création d’une conserverie sur place
- Projet de salle des fêtes dans le hangar à réhabiliter
- Projet de rénovation de l’intérieur de la maison pour créer une cuisine collective et des salles de réunion
- Création d’un four à pain et d’un four à poterie…
« C’est un lieu de paradis où les gens sont heureux de se retrouver, de se sentir bien au contact de la nature et des différentes générations. »
Itinéraire d’un jardinier gâté par la nature !
La casquette vissée sur la tête, le sourire aux lèvres et le regard malicieux, Bernard Cerdan nous fait faire le tour du propriétaire avec fierté. Agé de 60 ans, marié, il a décidé après une carrière d’ingénieur, de « faire ce qu’il veut » et en attendant sa retraite. Il s’est ainsi lancé dans 2 activités de transmission de passions qui lui sont complémentaires :
- le dessin : il donne des cours et réalise des expositions
- le jardinage au naturel : il accompagne les particuliers afin d’initier et sensibiliser sur les avantages de jardiner avec la biodiversité.
Pour ce faire, Bernard suit en 2011 une formation dispensée par Brest Métropole pour devenir « Guide composteur pailleur ». Cette formation d’un samedi par mois pendant un trimestre lui permet de rencontrer des experts et de se rendre compte qu’il y a une autre facette du jardinage que celle de la corvée de la tondeuse et du taille-haie !
En 2013, quand il est encore en activité au Technopôle de Brest, il participe à la création d’un jardin partagé dans l’entreprise. Il nous raconte : « Ce chantier participatif et intergénérationnel permet à chacun dans l’entreprise, de cultiver le potager et de traiter les déchets produits par la cantine d’entreprise et les déchets de papier : il suffit de broyer les documents pour pouvoir les intégrer au compost ! ».
Depuis 2016, Bernard et sa femme sont des membres actifs de l’association « Vert le Jardin » et participent au conseil d’administration. Bernard a aussi suivi une formation « Jardinage naturel » avec la Maison de la Bio et Brest Métropole, une demi-journée par mois pendant un an. Cela lui permet une découverte technique et scientifique du jardinage.
Avec beaucoup de lectures, d’ateliers et de rencontres, Bernard devient un professionnel du jardinage au naturel et allie sa passion du dessin, en réalisant des dessins de conception permaculture prenant en compte la nature du sol, la géologie, l’environnement, les éléments (ruisseaux, nappes souterraines, énergies…) et les différentes zones de plantation selon l’utilisation de chaque plante (aromatiques au 1er plan et plantes sauvages et utiles au dernier plan, par exemple.).
« Donner du sens à l’activité de jardinage »
La recette du compost par Bernard Cerdan, Guide composteur pailleur
Tel un grand Chef, Bernard nous donne sa recette d’un bon compost. « C’est un bon mélange entre la matière et l’énergie, mais aussi un bon équilibre entre l’azote et le carbone, l’air et l’eau. ».
Il vous faudra donc, 50% d’apport en azote :
- Tous les déchets verts (tontes, feuilles…)
- Tous les déchets organiques de la cuisine : fruits (agrumes compris, il faut juste les mettre à 5cm sous la surface du compost pour qu’ils se désagrègent en 1 semaine !), légumes, coquillages (sauf huître car trop minéral), restes de repas (viandes, poissons… : pour éviter d’attirer les nuisibles, il suffit de mélanger ces derniers dans le compost dès intégration).
50% d’apport en carbone :
- Feuilles mortes, broyat, branches
- Papiers, cartons, boîtes à œufs découpés !
Une fois ces apports réalisés et mélangés régulièrement (1 fois par semaine), la décomposition va s’activer et alors attirer les micro-organismes. A maturité et en son cœur, le compost a une température de 70°c !
« Mon pape du compostage, c’est Denis Pépin ! »
Quelles sont les équipements pour réussir son compost ?
Dans l’idéal, il faut avoir 2 composteurs :
1 composteur frais où l’on met :
Les déchets verts et déchets de cuisine pour apporter de l’azote et le broyat pour apporter du carbone. Il faut brasser le compost régulièrement pour qu’il soit équilibré en eau + oxygène + azote + carbone, sinon le compost fermente et pourrit.
1 composteur maturateur : qui sera utilisé tous les 3-6 mois pour amender la terre.
1 bac à broyat : où seront entassées toutes les branches et brindilles de moins de 5 cm de circonférence.
Mais il existe aussi d’autres techniques de compostage qui fonctionnent très bien :
Le compost à l’air libre, en tas, qu’il faut aussi remuer avec sa bêche 1 fois par semaine.
Le compost en surface : le principe est de déposer directement tous les déchets organiques au pied des plantations et de mélanger avec du broyat et/ou de la sciure afin de réduire les odeurs et d’augmenter la vitesse de transformation.
« Tout ce qui est organique se décompose… »
Quelle est la biodiversité qui peuple le compost ?
Ecouter Bernard parler du monde du compost, c’est un peu comme regarder Microcosmos en live. Avec passion, il nous raconte tout ce qu’il se passe à l’intérieur et comment la nature fonctionne pour se recycler en mode zéro déchet ! Ses préférés sont les Collemboles, si vous êtes curieux, venez lui en parler à la Ferme à Raymonde.
Le peuple du compost :
- Les premiers colonisateurs sont les champignons et bactéries.
- Qui attirent les acariens et collemboles, des larves de 0,5 mm, ni insectes ni mucus.
- Leurs prédateurs arrivent alors : mille-pattes, perce-oreilles, staphylins…
- Suivis des cloportes, les seuls à décomposer le bois. (Si vous en avez trop, arrosez le compost !)
- Arrivent alors les larves à mouches
- Puis, enfin, les vers à compost de fumier qui absorbent la matière déjà décomposée et le transforment en matière fertile.
Bernard, analyses et suivis à l’appui, nous révèlent une information des plus intéressantes : « Même si on prône l’agriculture biologique, le compost peut provenir de fruits et légumes conventionnels. La décomposition par les vers neutralise tous les pesticides et autres produits chimiques. C’est aussi pourquoi il n’y a aucun problème d’intégrer des agrumes traités dans son compost. »
« Un bon compost, ne pue pas, il sent les sous-bois ! »
Quand et comment utiliser le compost ?
Parce qu’une fois les déchets verts recyclés, on peut les upcycler… Bernard Cerdan, tel un grand sage qui aime partager son expérience, nous donne ses règles de plantations au potager pour se garantir d’une bonne terre sur le long terme.
La première année, pour amender la terre selon les besoins en nutriments des cultures suivantes :
- Pommes de terre
- Cucurbitacées : courges, courgettes…
- Tomates, poivrons, aubergines
- Carottes, betteraves
La 2ème année, pour enrichir une terre appauvrie après culture :
- Ail, oignons, échalotes
La 3ème année, planter des légumes enrichissant la terre :
- Pois, haricots, lentilles, seigle, lupin… Car ils capturent l’azote de l’air et remettent les nodules au niveau des racines. Ensuite, il faut donc les faucher en laissant les racines qui, décomposées enrichiront le sol.
Enfin, pour les fruitiers et arbustes à petits fruits, il faut rajouter du compost et du broyat chaque année, sauf pour le figuier.
Et si vous avez des doutes, venez demander conseils à Bernard ou tout naturellement, prenez le temps d’observer la nature !