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Un aménagement bien pensé pour aller vers un jardin zéro déchet

Planter, tondre, tailler, arroser, un jardin demande de l’entretien ! Lorsqu’on s’installe dans une nouvelle maison avec un terrain extérieur, on parle souvent d’«aménager le jardin ». C’est un projet enthousiasmant, mais, comment bien concevoir l’aménagement de son jardin naturel ?  Les paysagistes du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de Quimper vous partagent leurs conseils et leurs expériences pour réussir l’aménagement d’un jardin naturel.

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Des erreurs à éviter

Un jardin bien pensé dès sa conception permet d’éviter de nombreux déchets verts (tailles de végétaux, tontes de pelouse…), trop souvent encore, acheminés vers les déchetteries. Ce geste appauvrit le jardin, génère des coûts de gestion, des nuisances et une perte de temps. Les déchets verts sont une ressource vertueuse pour le jardin, ils permettent d’alimenter le compost, de protéger le sol grâce au paillage, de nourrir les animaux ou de servir de support aux plantes grimpantes. 

Se poser les bonnes questions

Pour que la joie des premiers temps au jardin ne se transforme pas en corvée, il est important de se poser plusieurs questions essentielles liées les unes aux autres pour définir un projet qui fonctionne et soit adapté à vos capacités :

  1. Un jardin pour quoi faire ? Se protéger du regard des voisins ? Cultiver un potager, des fleurs, une collection de végétaux ? Pour mettre en valeur la maison ? Mettre en valeur un joli point de vue ? Se protéger du vent, avoir un peu d’ombre ? Se détendre ou faire jouer ses enfants ?
  2. A-t-on le goût du jardin ? Est-ce que se promener au jardin, admirer une floraison ou bien réaliser des semis représente un intérêt ? Son entretien est-il une tâche désagréable mais nécessaire ou bien un moment de plaisir ?
  3. De combien de temps dispose-t-on pour son jardin ? Comment est réparti le temps d’entretien au fil des saisons ? Quelles opérations prennent-elles le plus de temps ? Est-ce agréable, intéressant ou bien au contraire une corvée ?
  4. De quel budget dispose-t-on ? Pour son aménagement, pour son entretien, pour les outils qui seront nécessaires, leur maintenance ? Achat, location? Énergie nécessaire, espace de rangement ?
  5. Quel rapport de confiance entretenons-nous avec la nature ? Est-elle source d’inspiration, d’émerveillement, d’apprentissage ou bien représente-t-elle un danger d’invasion de plantes et animaux indésirables, de nuisance, de corvée ?

Ce dernier point est transversal : il s’agit de comprendre le fonctionnement de la nature dans son jardin pour en tirer profit et pouvoir être créatif. Si le projet n’en tient pas compte, l’entretien demandera beaucoup de temps pour chasser le naturel, qui, comme vous le savez, reviendra au galop. Il faudra alors tondre, tailler, désherber et … traiter de nombreux déchets verts avec un impact négatif sur les organismes naturels mais également pour vous : fatigue, maux de dos, lassitude…

Prendre le temps d’observer la nature et ne pas se précipiter

Quand on vient de faire l’acquisition d’un terrain, il est important de prendre son temps pour l’observer durant les quatre saisons afin de bien comprendre l’environnement de votre jardin. 

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Pas de précipitations pour tout aménager !

Commencer par prendre en compte son environnement :

  • Où est situé le jardin, bord de mer, fond de vallée, ville, campagne ? Est il en bordure de route, de rivière, de pré cultivé, de jardins d’autres voisins ?
  • Quelle est sa superficie, sa topographie ?
  • Quel est son sol, son climat, son exposition ?
  • Quels sont les végétaux existants ? Ont-ils été plantés ou bien sont-ils des végétaux semés naturellement ? Dans quel état de santé sont-ils ?
  • Quelles réglementations s’appliquent-elles au jardin ? PLU, règlement de lotissement, périmètre de monuments historiques ?

Toutes ces observations permettront d’affiner le projet et de faire de meilleurs choix. Il peut être utile de s’entourer des conseils d’un paysagiste concepteur dont le métier est de vous accompagner.

Quelques conseils fondamentaux

  • Préserver au maximum la perméabilité du sol et sa couche d’humus. Cette terre noire et riche couvrant le sol protège les micro-organismes. En son absence, le sol est propice au développement des mauvaises herbes, indésirables du jardin, mais qui lui permettra de se protéger et de reconstituer sa fertilité.
    Les mauvaises herbes se régulent dès lors que cette richesse de sol est renouvelée et suffisante.
Jardinage naturel courges potager
  • Réduire les surfaces imperméables ou compactées : terrasses et allées sont coûteuses à aménager mais aussi à entretenir. Elles contrecarrent la vie du sol qui réagit : gestion des eaux de ruissellement, joints qui se fissurent, racines qui soulèvent les revêtements, mousses, mauvaises herbes, risque de surchauffe… Il est important de les dimensionner précisément à l’usage qui en sera fait.

Les espaces où le sol est compacté sont les lieux de passage ou les pelouses qu’il faut tondre régulièrement. Il est conseillé de les réserver pour des petits espaces : le tour de la maison, le terrain de jeux, les allées, le tours des massifs ou du potager pour la circulation d’air et de lumière, etc.

Si votre terrain est plus grand, au-delà de ces pelouses, optez davantage pour des prairies fauchées une à deux fois dans l’année ou des espaces plantés avec des arbres ou des arbustes à laisser en port naturel. En couvrant le sol de leurs feuilles, l’herbe poussera moins haut.

Prairie naturelle

La tonte sera ainsi plus rapide et moins coûteuse en énergie. Le compost mélangeant tontes de pelouse et feuilles mortes se décomposera beaucoup plus rapidement pour produire un terreau très fertile.

Il ne faut pas hésiter à copier ce que l’on peut observer dans la nature. Choisissez des arbres et arbustes à feuillages caduques et à petites feuilles. Les plantes à feuillages persistants ont aussi leur place mais dans une proportion maximale d’un tiers des plantations. On les choisira à petites feuilles également. Ces feuillages pourront ainsi être assez rapidement compostés.

  • Couvrir le sol : Le sol doit toujours être couvert, notamment lors de nouvelles plantations par un paillage végétal. Celui-ci peut être fait de bois broyé, de paille, de feuilles ou de tontes d’herbes sèches en fonction de ce dont vous disposez.
Jardin paillage broyage

Les déchets verts représentent une grande richesse pour votre sol et sa santé. Lorsque vous les exportez en déchetterie, vous appauvrissez votre sol et devez ensuite souvent compenser par des apports d’engrais, d’eau, des nouvelles plantations, etc. Au contraire, lorsqu’ils sont issus de végétaux compatibles avec votre sol et le climat et sont broyés, compostés, ils contribuent à l’équilibre durable de votre jardin.

La conception d’un nouveau massif de plantations doit comporter des végétaux complémentaires pour que le sol soit couvert au-dessus et au-dessous de sa surface : arbres, arbustes, plantes plus basses jusqu’aux plantes tapissantes au niveau du sol. La mise en place du paillage sera utile, les premières années, le temps qu’elles s’enracinent et se développent. Par la suite, la lumière du soleil sera filtrée par ces différents étages de végétation et, depuis le sol, l’évaporation sera contenue par les feuillages des différents végétaux et la température au sol régulée.

Cela permet aussi que des petites plantes sauvages semées spontanément puissent pousser et s’immiscer discrètement dans vos plantations tenant lieu de couvre sol. Votre jardin sera ainsi à même d’accueillir un grand nombre d’insectes, oiseaux et autres organismes vivants qui y trouveront gîte et couvert. Quelques tendres feuillages monteront la garde contre les invasions de ravageurs.

  • Proscrire les bâches de paillage : Fausse amie, la bâche est vendue pour limiter le désherbage et l’arrosage. Toutefois, en plus de son coût d’achat, des travaux de préparation du sol, elle suscite un certain entretien, des déchets à court, moyen et long terme ainsi que des effets très négatifs sur l’environnement. En privant le sol d’une couverture de racines, d’humus et de feuilles, celui-ci chauffe et privé d’eau, se dessèche et se compacte. Une grande partie des micro-organismes responsables de la tenue et de la vie du sol disparaissent. La couverture du sol n’étant pas suffisante et efficace, le désherbage reste nécessaire car la moindre plante étrangère à la composition devient très visible. A moyen terme la bâche finira par se déstructurer laissant des microparticules de plastique très polluantes et des trous par lesquelles des plantes pionnières vigoureuses viendront recoloniser le sol, le couvrir pour lui rendre sa santé : ce sont liseron, chiendent, chardon, pissenlit… dont les systèmes racinaires forment un réseau puissant dans le sol pour le retenir et permettre à leur feuilles à terme de se décomposer et reformer l’humus disparu.
  • Choisir des végétaux, des plantes adaptées au sol, au climat et à l’exposition : Cela garantit leur reprise, leur vigueur, leur pérennité et un résultat esthétique ou gustatif satisfaisant. Cela peut vous préserver des corvées d’arrosage et de taille car une plante mal exposée va chercher la lumière et produira une silhouette peu harmonieuse qu’il faudra rectifier. Plantée dans un endroit qui ne lui convient pas, elle peut végéter et se laisser facilement envahir par d’autres plantes plus vigoureuses qu’il vous faudra couper régulièrement. Vous devrez peut-être la déplacer ou la remplacer ou encore tenter différentes taille pour la stimuler si elle produit beaucoup de feuillage mais pas de fleurs.
  • Tenir compte de l’espace dont vous disposez : Il est préférable de planter en respectant la taille adulte et de laisser la plante croître en pratiquant de temps à autre une légère taille esthétique pour dégager le tronc et aérer le centre. Pour avoir un résultat rapide, on plante souvent trop serré puis après quelques années les végétaux s’étouffent. S’il s’agit de préserver l’intimité du jardin, il peut être préférable de recourir à une plante grimpante sur le grillage de clôture le temps que les arbustes prennent leur essor.

Que peuvent vous apporter les paysagistes du CAUE ?

Les paysagistes du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement conseillent les propriétaires d’un terrain pour les aider à se poser les bonnes questions et à y répondre pour créer leur jardin ou le restaurer. 

Cet échange libre de tout intérêt financier permet à ceux qui le souhaitent d’exposer leur rêve de jardin à un paysagiste. L’objectif est de les encourager à prendre un temps de recul et de réflexion sur leur projet afin que les investissements nécessaires pour l’aménagement et l’entretien donnent un résultat satisfaisant.

Le CAUE29 propose une permanence gratuite tous les 1er et 2e vendredis du mois. Les conseils sont délivrés gratuitement.

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