A Tréogat, dans le Finistère sud, Gaëlle et Sven habitent dans leur maison en bois qu’ils ont auto-construit il y a 20 ans. Avec un terrain de 3000m² et du temps libre bien occupé, ils ont décidé de se tourner vers l’économie circulaire au jardin. Entre essais infructueux et réussites bien méritées, ils s’inspirent au maximum de la nature pour recréer un écosystème vertueux. Partons nous promener dans leur jardin aux 1001 découvertes…
Pourquoi faire de son jardin, un lieu de vie ?
Gaëlle est enseignante à temps partiel et aussi très impliquée dans des associations locales en faveur de l’environnement.
Premièrement, elle est co-présidente de « Sur un air de Terre » à Pont-L’abbé, association à vocation pédagogique en faveur de la nature. Entre sensibilisation auprès des scolaires et échanges avec des passionnés autour de jardins partagés et d’une grainothèque, l’association s’engage aussi auprès des communes pour réinstaller des haies bocagères, indispensables à la biodiversité.
Deuxièmement, Gaëlle est bénévole à « Terre de liens », association qui a pour but de défendre les terres agricoles sur nos territoires afin de les préserver de l’étalement urbain. Entre informations auprès des élus et aides administratives et financières à l’installation de maraîchers, cette association est plus qu’utile dans le Finistère.
Ainsi, Gaëlle glane et récolte de multiples conseils sur la culture au naturel… qu’elle sème ensuite dans son jardin !
Leur jardin de 3000 m² comprend :
- 1 verger avec des fruitiers exotiques rustiques qui se sont acclimatés au climat breton : goyavier du Brésil, kaki, mandarinier, asiminier, pommier, prunier, reine-claude… viennent d’être plantés cette année et une vigne plantée il y a 5 ans, donne déjà 80 litres de jus de raisin/ an.
- Plusieurs zones de potagers : après quelques essais infructueux, liés à une mauvaise qualité et quantité de terre ou une mauvaise exposition au soleil…. Le meilleur emplacement a (enfin) été trouvé ! Les autres zones ont été conservées avec des essais de plantations en butte, inspirées de la permaculture.
- 1 serre, où la terre est trop sèche, et dont les plantations n’ont pas encore donné comme il fallait. Mais l’installation prochaine d’oyats, des poteries en terre cuite pour diffuser l’eau lentement, devrait changer la donne…
- 1 mare pour accueillir les grenouilles et autres batraciens, amis du jardinier
- De nombreuses réserves d’eau et récupérateurs d’eau de pluie sont disséminés aux 4 coins du jardin
- Des ruches (Sven est apiculteur) et des hôtels à osmies faits maison, pour accueillir ces abeilles opportunistes qui pollinisent gratuitement le jardin !
« Dans le jardin, chaque variété et espèce est importante, à toutes les étapes de sa vie. »
Que récoltez-vous dans votre jardin et comment le transformez-vous ?
« Nous misons sur l’économie circulaire au jardin » s’engage Sven, « nous souhaitons devenir le plus autonome possible au niveau des récoltes du potager et du verger » précise Gaëlle. Ainsi, quand vient le temps des récoltes, vient aussi le temps de la transformation en cuisine ! Gaëlle, derrière les fourneaux, réalise des recettes authentiques de grand-mères mais teste aussi des nouveautés… Entre quelques ratés et de bonnes surprises culinaires, le principal est de réduire le gâchis alimentaire !
Gaëlle concocte avec les fruits et légumes de son jardin :
- Jus de tomates
- Pâtés végétaux
- Ratatouille (Petit conseil : ne pas remplir trop les bocaux stérilisés car sinon, ils débordent ! )
- Jus de fruits et de légumes
- Confitures
- Miel
- …
Evidemment, il faut pouvoir s’équiper du bon matériel pour transformer efficacement ses récoltes. Pour cela, Gaëlle, Sven et leurs amis ont mutualisé l’achat de certains équipements afin d’optimiser les investissements matériels :
- Stérilisateur
- Extracteur de jus à chaud
- Presseur à pommes
- Et demain peut-être : un four à énergie solaire, un fumoir à poisson, un four à pain à l’ancienne…
Dans ce même principe, ils mutualisent leurs achats en groupe auprès de leur biocoop afin d’acheter en grande quantité les produits de première nécessité (pâtes, riz, légumineuses…. ).
« Plus que jamais, il faut s’inspirer de la nature ! »
Quelle est votre démarche zéro déchet la plus efficace au jardin ?
« Toujours dans le principe de mutualisation, nous avons un ami qui a acheté un broyeur professionnel et qui le partage selon les besoins de chacun » nous raconte Gaëlle. « Ainsi, nous prônons l’économie circulaire au jardin » précise Sven. En effet, broyer ses végétaux a une double action zéro déchet :
- Tous les déchets verts sont réutilisés : tonte de gazon (riche en azote), taille de haies, d’arbustes, feuilles mortes…
- Une fois les déchets verts séchés et taillés en petits morceaux (soit au broyeur, soit avec sa tondeuse pour des branches faisant moins d’1 petit doigt de diamètre), ils deviennent du paillage, utile dans tout le jardin : potager, arbres d’ornements, parterres…
« Le principe est de s’inspirer de la nature ! » précise Gaëlle. « Par exemple, dans la forêt, le sol n’est jamais à nu. Il est toujours recouvert de feuilles et de mousses qui lui offrent une richesse microbienne et le protègent des intempéries. »
Ainsi, le broyat transformé en paillage permet :
- Protéger le sol en conservant une bonne température et un bon taux d’humidité avec un delta de 10°c de différence avec la température extérieure, ce qui permet de protéger les plantes du gel en hiver et de la sécheresse en été.
- Ralentir le développement des mauvaises herbes
- Apporter des matières sèches pour le compost
- Apporter des nutriments en diffusion lente au sol.
Gwen nous détaille leur technique de paillage : « Nous mettons du broyat partout dans notre jardin et jusqu’à 3 fois/an, sur la base de 2 à 3 pelletées par arbre et un bon paillage de 10 cm d’épaisseur sur nos massifs et au potager».
« Il n’y a aucun intérêt à acheter dans le commerce des engrais ou du paillage, car c’est votre jardin qui vous le fournit naturellement ».
Peut-on tout broyer au jardin ?
« Si on a la chance d’avoir un broyeur professionnel, tout y passe ! » nous raconte Sven, « mais il faut savoir optimiser les réglages selon la nature et l’état des végétaux à broyer ». De même, certaines communes du Finistère se sont mises à louer ou prêter leur broyeur au particulier afin de limiter les passages dans les déchèteries. Enfin, si on a que des déchets de tailles de haies ou de petits arbustes à broyer de moins d’1cm de diamètre, le passage répété d’une tondeuse sur le tas de végétaux est suffisant pour réaliser un broyat de qualité.
Avant de parsemer votre broyat dans votre jardin, il faut bien le mélanger avec différentes sources de déchets verts afin qu’il soit bien équilibré
- Les résineux et autres sapins sont très acides : ils conviennent parfaitement pour pailler les plantes de terre de bruyère.
- L’hêtre doit être intégré avec parcimonie
- L’herbe tondue doit être bien sèche avant d’être utilisée en paillage (sinon elle fermente !)
- Les feuilles d’orties sont très riches en azote.
« Jeter ses déchets verts en déchèterie, c’est vraiment un acte contre nature ! »
Quelles sont vos autres démarches zéro déchet ?
Quelques mois après le premier confinement, Sven et Gaëlle ont gardé leurs bonnes habitudes de mutualisation et de proximité et nous racontent : « Pendant le confinement, nous avons eu un déclic autour de l’autonomie alimentaire. Nous avons découvert qu’il y avait des producteurs et maraîchers tout près de chez nous qui pouvaient nous fournir sur les produits de saison. De même, avec nos voisins et amis, nous avons aussi recréé un écosystème vertueux ou chacun pouvait proposer ses services et ses équipements à tous. Nous essayons au maximum de garder cette dynamique de bon sens pour réduire nos dépendances, mais aussi logiquement, réduire nos déchets ! ».