Incontournable de nos garde-robes, parfois possédé en dizaines d’exemplaires, le tee-shirt en coton est loin d’être neutre en ce qui concerne son impact écologique. Gourmand en eau, source de pollution et souvent de mauvaises conditions de travail, ce tricot aux airs inoffensifs masque en réalité un gouffre énergétique. Comment une simple pièce de tissu peut-elle avoir un tel coût environnemental ? Découvrez, dans cet article, la face cachée du tee-shirt.
L’impact énergétique et environnemental d’un tee-shirt
On imagine mal comment une simple pièce de coton peut avoir une empreinte écologique aussi importante :
- 6,43 kg de CO2 par unité (source ici) ;
- 1,30 kg de coton nécessaire pour sa production ;
- l’équivalent de 70 douches en consommation d’eau (source : Ademe) ;
- l’utilisation de pesticides et d’engrais dans les champs de coton ;
- un cocktail de substances toxiques (NPE, colorants azoïques, phtalates, formaldéhyde) pour la teinture.
Pourquoi est-ce un problème ?
La mode est l’une des industries les plus polluantes de la planète. Aujourd’hui, elle génère 4 milliards de tonnes d’équivalent de CO2 et, en 2050, elle pourrait atteindre 26 % des émissions globales de gaz à effet de serre.
L’industrie textile représente le 3e secteur de consommation d’eau, après la culture du blé et du riz (source : Ademe). Les vêtements étant principalement produits en Chine et en Inde, des pays en manque d’eau, le prélèvement est détourné des rivières, lacs et nappes phréatiques.
Le coton est, en outre, la première culture consommatrice de pesticides dans le monde. Les engrais pénètrent dans les nappes phréatiques, avec un impact dramatique sur les vies aquatiques.
L’utilisation de substances toxiques pour la réalisation de teintures a un triple effet délétère : non seulement pour les travailleurs qui les manipulent, mais également pour les consommateurs qui les portent, et enfin pour les écosystèmes, car ces produits sont rejetés dans l’environnement lorsque vous lavez votre tee-shirt.
Même s’il reste minoritaire dans le coût énergétique total, le transport s’effectue le plus souvent en avion afin de livrer rapidement les distributeurs et les clients.
Enfin, il faut prendre en compte l’impact social. Au Bangladesh, la rémunération est de 0,32 cents US dollar de l’heure : c’est le salaire le plus bas du monde, alors que le secteur textile représente 17 % du PIB. Les marques internationales de fast-fashion profitent ainsi qu’une main-d’œuvre peu coûteuse, dans des conditions de travail largement moins protectrices qu’en Europe.
Comment choisir un tee-shirt en limitant son impact carbone ?
Heureusement, il existe des solutions qui permettent de bien s’habiller tout en respectant la planète et l’Humain.
Acheter son tee-shirt en conscience
Toujours d’après l’Ademe, une personne achète 40 % de vêtements en plus qu’il y a 15 ans et les conserve moitié moins longtemps. On sait également qu’un Français achète en moyenne 9,5 kg de textiles et de chaussures par an.
Avant de glisser ce nouveau tee-shirt dans votre panier, prenez une minute pour réfléchir à la méthode BISOU :
- B comme besoin : ai-je besoin de ce vêtement ?
- I comme immédiat : mon besoin est-il urgent ?
- S comme semblable : n’ai-je pas déjà un tee-shirt identique dans ma garde-robe ?
- O comme origine : où et comment a été fabriqué ce tee-shirt ?
- U comme utile : ce nouveau vêtement me sera-t-il utile ?
Se diriger vers l’achat d’occasion
Pour les achats « plaisir », vous pouvez miser sur l’occasion, grâce aux recycleries, ressourceries, friperies et plateformes de ventes entre particuliers comme Le Bon Coin ou Vinted. Autre avantage : les vêtements déjà portés et lavés plusieurs fois rejettent moins de particules toxiques dans l’environnement.
Réparer plutôt que jeter
Un petit trou dans votre tee-shirt ? C’est l’occasion de vous initier à la broderie pour personnaliser votre vêtement. Et pas de panique si vous n’êtes pas doué avec une aiguille, un joli écusson bien placé peut faire des miracles ! Vous en trouverez de tous les styles dans les merceries.
Choisir un tee-shirt durable et écoresponsable
Prendre le temps de lire une étiquette peut faire toute la différence : elle vous révélera des informations précieuses sur la composition d’un vêtement.
Favorisez, si possible, le coton biologique ou les fibres recyclées. Les tee-shirts peuvent, par exemple, être issus du recyclage de jeans.
Vous pouvez également opter pour des matières naturelles alternatives comme le lin et le chanvre, qui nécessitent moins d’eau et de pesticides.
Privilégiez, enfin, les teintures végétales ou écologiques.
Le saviez-vous ? La France est le premier pays producteur de lin dans le monde.
Enfin, fiez-vous à quelques labels et certifications pour vous orienter dans votre achat :
- Écolabel européen
- Ecocert textile
- GOTS
- Commerce équitable
- OEKO — Tex.
Quelles marques de tee-shirt écoresponsables privilégier ?
Les marques écoresponsables soutiennent une mode plus durable et respectueuse des travailleurs. Voici quelques-unes qui s’engagent concrètement pour la planète :
- Le tee-shirt propre : une entreprise française qui produit des tee-shirts en 100 % coton bio originaire de Grèce, labellisé GOTS (sans pesticide).
- Gentle Factory : vêtements fabriqués en France et/ou recyclés et tee-shirts en coton bio. Le coton originaire d’Europe, garanti GOTS.
- Coton Vert : des tee-shirts 100 % coton bio de plusieurs formes disponibles. Les usines sont certifiées GOTS et Fair Wear Fondation, et garantissent ainsi des conditions de travail décentes aux salariés.
- Patine : des tee-shirts en coton 100 % bio dont 40 % de fibres recyclées, fabriqués au Portugal.
En plus de réduire votre impact écologique, acheter durable, c’est aussi investir dans des vêtements de qualité, qui tiendront plus longtemps.
Nos conseils d’entretien pour prolonger la durée de vie d’un tee-shirt
Plus vous prendrez soin de votre tee-shirt, plus celui-ci vous durera longtemps.
Le lavage libère des microparticules de nos vêtements qui finissent leur course dans l’océan, car elles ne sont pas dégradées dans les stations d’épuration. Le premier conseil sera donc de laver votre tee-shirt moins souvent : aérer votre vêtement à l’extérieur ou près d’une fenêtre suffit à lui redonner un coup de frais !
Lors du passage en machine :
- Lavez à basse température (30 degrés) pour réduire l’usure des fibres
- Utilisez des lessives écologiques sans tensio-actifs et évitez les adoucissants
- Séchez votre tee-shirt à l’air libre plutôt qu’en machine : cela vous permettra d’économiser l’énergie dans la maison.
Que faire d’un tee-shirt que je ne porte plus ?
C’est décidé : vous sortez ce tee-shirt de votre placard ! Plusieurs solutions possibles :
Le tee-shirt peut encore être porté : direction le don
Vous pouvez en faire cadeau à un ami, une personne de votre famille, ou alors dans les recycleries et communautés Emmaüs.
Troué, abîmé : direction le recyclage
Déposez votre tee-shirt propre et sec dans un point d’apport volontaire. Ses fibres seront recyclées pour fabriquer toutes sortes de matériaux comme de l’isolant pour les habitations. Retrouvez la liste des points d’apport près de chez vous sur www.lafibredutri.fr.
Pour aller plus loin sur le recyclage des textiles, nous avons sélectionné cette vidéo de 2 minutes pour tout comprendre avec Refashion (anciennement La Fibre du Tri), plateforme crée par Eco TLC, éco-organisme financier de la filière des Textiles d’habillement, Linge de maison et Chaussures.
Et pour la bonne humeur, Coline, blogueuse engagée et drôlement green, vous parle des TLC et de leur recyclage.
Avis aux créatifs : comment donner une seconde vie à votre tee-shirt ?
Même pas besoin de savoir coudre ! Une heure devant vous et une bonne paire de ciseaux suffiront à faire renaître votre tee-shirt de ses cendres.
Quelques idées :
- le transformer en chiffons pour le ménage ;
- tisser un tawashi ;
- le revisiter en tote bag ou en pochette pour emballer vos cadeaux de Noël zéro déchet ;
- fabriquer une charlotte pour couvrir vos plats.
Et pour aller plus loin, découvrez tous les conseils de l’Ademe pour réduire l’impact de votre garde-robe sur l’environnement.