
Petites Folies, grandes idées : un festival qui fait sa part
Niché au cœur du Finistère, à Lampaul-Plouarzel, le festival de musiques actuelles Les Petites Folies en Pays d’Iroise s’invente et grandit depuis 2021 avec une ambition forte : faire la fête tout en restant à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux.
À l’instar de son voisin le festival Horizons Open Sea, la mission est exigeante, et parfois contrariée par la réalité du terrain. Mais les organisateurs l’assument avec lucidité, et ont à cœur de faire de l’événement un challenge collectif et toujours en mouvement.
Fiche d’identité du festival
- Dates : début juin
- Lieu : Lampaul-Plouarzel
- Accès : payant
- Public : 30 000
- Bénévoles : 650 + 150 personnes embauchées
Un rêve d’ado devenu une aventure collective
Depuis presque 15 ans, les Petites Folies embarquent chaque année des milliers de festivaliers dans une parenthèse musicale, avec l’océan pour toile de fond. Mais derrière la scène, ce qui anime l’équipe, c’est un ancrage local, la transmission et l’engagement.
« Nous devons être les moteurs de nos propres destins et de celui de nos Pays »
Yann Autret, Président du festival.
Cette énergie militante se concrétise, sur le terrain, par un travail autour de la fédération des acteurs locaux, l’implication de tous, jeunes et moins jeunes, et une interrogation constante des problématiques écologiques et sociétales.
Des engagements concrets, mais parfois complexes
Déchets, tri et récup
Côté déchets, l’organisation est bien rodée : gobelets réutilisables pour tous, vaisselle « en dur » avec lavage autonome, compost, mobilier de prêt ou de récup, et déco que l’on ressort pour chaque édition. Depuis 2024, le festival s’appuie sur AREMACS (Association pour le Respect de l’Environnement lors de Manifestations Culturelles et Sportives), acteur reconnu de la gestion des déchets, pour former les bénévoles et coordonner le tri sur tout le site. Après avoir peiné à trouver une filière, les organisateurs ont créé un partenariat, en 2025, avec l’usine de Kervellerin pour le traitement des déchets coquillés.
L’avancée est forte, mais elle ne se fait pas sans freins. Aux contraintes financières engendrées par l’utilisation de solutions durables (vaisselle, gobelets, etc.) s’ajoute la difficulté, parfois, à engager les festivaliers, pas toujours sensibilisés.
Le bon partenaire : Aremacs, pour professionnaliser la gestion du tri et obtenir des données quantifiables.
Une assiette locale et sans gaspi
Côté restauration, le festival fait le choix de pratiques responsables. L’option végétarienne est systématique, les produits sont majoritairement locaux et de saison, et les quantités ajustées en self-service. Ce qui n’est pas servi le midi est proposé le soir. Quant aux invendus, ils sont soit récupérés par les fournisseurs, soit donnés à des associations. Certains restes peuvent être également congelés pour les repas des bénévoles.
Même esprit du côté des foodtrucks où la surproduction est évitée et les volumes calibrés grâce aux expériences des années précédentes.
La bonne idée : en self, chacun dose son assiette pour moins de gaspillage.
Énergie et eau : vers la sobriété
Sur le site du festival, l’électricité fournie est 100 % renouvelable via Enercoop. L’organisation logistique est optimisée pour limiter les trajets et mutualiser les moyens. Fontaines à eau, toilettes sèches et produits de nettoyage écologique sont utilisés pour économiser la précieuse ressource.
« Nous avons pour ambition de faire de notre festival un modèle de vertu qui ferait que chacun y trouve sa place dans sa démarche et ses idéaux ».

Communication : entre convictions et réalité du terrain
Impression raisonnée, papier recyclé, diffusion électronique favorisée : la stratégie coche toutes les cases d’une communication responsable et réfléchie. Mais en pratique, Les Petites Folies doivent se démarquer parmi les nombreux festivals bretons de l’été. Difficile, alors, d’opter pour le minimalisme.
« Nous avons travaillé à limiter nos quantités au fil des ans, mais on a un petit retour en arrière, car nous avons de plus en plus de mal à exister dans le paysage “trop dense” des événements culturels en Finistère. Nous multiplions donc les sources de visibilité et ça ne va pas toujours avec une certaine idée de la sobriété, on le subit et on le regrette ».
Néanmoins, certaines initiatives marquent les esprits et démontrent cet engagement, celui d’« éviter le piège de la simple image verte et agir réellement » : un partenariat textile avec Armor Lux, gage de qualité, de durabilité et d’ancrage breton, ou encore le recyclage, lorsque cela est possible, des bâches et autres supports visuels.
Mobilités douces : un effort constant
Covoiturage, navettes depuis les communes voisines, parking à vélos, camping accessible à pied : le festival encourage les alternatives à la voiture individuelle, avec plus ou moins de succès selon les profils. Toutefois, situé en pleine nature, le site rend difficile la mise en place de certaines solutions de déplacements.
Tisser du lien entre les générations
Aux Petites Folies, la fête se veut accessible à toutes et à tous. L’accueil des personnes en situation de handicap est pensé en amont : parkings dédiés, accès prioritaires, plateformes PMR, mais également des espaces réservés pour les résidents d’EHPAD dans les zones de restauration.
La mixité sociale et générationnelle s’incarne à travers une programmation éclectique, un site familial, une aire de jeux pour les enfants et des tarifications adaptées. Enfin, les solidarités se tissent aussi dans les coulisses : le festival travaille main dans la main avec des structures locales engagées comme Don Bosco, l’IUT GACO ou les Papillons Blancs du Finistère.
Un équilibre à trouver entre ambition et humilité
Tout au long de leur démarche, les organisateurs restent lucides :
« Tous les postes sont à améliorer. On est loin d’être parfait. »
Et malgré un faible taux de subvention (1,6 %), le festival est régulièrement cité parmi les événements musicaux les plus écoresponsables en France. Loin du greenwashing, l’équipe revendique un cheminement transparent et progressif.
« Avant de crier qu’on fait bien, on essaie déjà de faire mieux ».
Les 4 conseils de Yann Autret pour un festival écoresponsable
- Définir des objectifs réalisables en identifiant ses priorités pour mieux cibler ses actions ;
- Supprimer les plastiques à usage unique, installer des points de tri et avoir une équipe de bénévoles pour sensibiliser les festivaliers ;
- Réduire les consommations d’énergie et d’eau ;
- Privilégier les moyens de transport plus doux ;
- Travailler en collaboration avec des prestataires responsables et en accord avec ses valeurs.

