A 55 ans, Jacques Sanquer est un passionné de récup’ et de bricolage. Dans sa maison, on ne compte plus les meubles et les objets de seconde main customisés! Il nous accueille chez lui à Portsall et nous partage ses bons plans pour un intérieur zéro déchet. Une rencontre enrichissante qui nous donne, nous aussi, l’envie de S’y Mettre !
Le grand détournement (d’objets)
Civil de la défense comme chaudronnier et contrôleur radioprotection, Jacques est aujourd’hui un jeune retraité très actif. Bénévole pour l’association de danse contemporaine Escabelle et graphiste à ses heures perdues, c’est un grand bricoleur qui ne rechigne jamais à donner des coups de main aux autres! C’est aussi et par-dessus tout un adepte de la chine : entre Emmaüs, les vide-maisons et ses tours chez le ferrailleur…
Il aime créer à partir d’objets chinés, les détourner de leur fonction initiale afin de composer des éléments de décoration uniques et personnalisés comme :
- Transformer des isolateurs électriques en cale-porte ou en mangeoires à oiseaux.
- Récupérer des matrices de circuit imprimé en aluminium pour en faire de jolies lampes à la décoration industrielle.
- Fabriquer une lampe de bureau à partir d’un vieux phare de moto.
- Utiliser le fond d’une armoire pour en faire une cimaise sur un mur afin de donner l’impression d’une maison ancienne.
- Transformer un Christ en gymnaste russe (son cadeau préféré pour les 33 ans de ses amis…)
- Chiner de vieilles portes d’entrée pour en faire celles de son dressing.
- Démonter un lustre d’époque et installer les pampilles discrètement dans la maison tel un jeu de piste ou les inverser pour en créer des bougeoirs…
Jacques s’amuse à décorer sa maison comme il l’entend… tant que c’est homologué par le F.A.F. « Ma femme et moi n’avons pas forcément les mêmes goûts de décoration… Chaque nouvelle pièce créée passe donc au crible du F.A.F comme je l’appelle : le Facteur d’Acceptation Féminin » ironise Jacques. Ainsi, les pièces à vivre sont décorées de façon conjointe et pour certaines pièces de la maison, il peut laisser libre cours à son imagination.
Ainsi, dans la chambre d’amis, il s’amuse à mettre en valeur des éléments que d’autres préfèrent dissimuler :
- La VMC est mise en valeur par un panneau “passage piéton” récupéré auprès de Brest Métropole Océane (BMO), qu’il a customisé en s’inspirant des œuvres de l’artiste Clet Abraham.
- L’accès aux vannes des tuyaux de la maison, mis en lumière par des néons dans un hublot en bois à l’aide d’une télécommande connectée.
“ Quand j’achète un objet, soit je vois d’emblée comment le détourner, soit je le garde dans mon atelier car je sais que ça pourra servir un jour”
D’autres idées d’objets détournés sont à découvrir en lisant le portrait de Julie.
Dénicher, transformer, fabriquer… un vrai passionné !
Lorsque Jacques a un coup de cœur pour un meuble, il peut décider de le garder dans son jus. Un petit coup de nettoyage, un peu d’aération et il trouve sa place dans la maison ! Jacques customise également certains objets qu’il récupère :
- Un tabouret sablé et peint, sur lequel il a fixé une tôle d’aluminium pour un côté plus actuel.
- Un placard du grand-père de sa femme, qu’il a peint en noir, y a installé une vitre et des étagères venant d’un autre meuble.
Fils de menuisier, Jacques profite de son héritage pour travailler le bois avec du matériel professionnel. “Quand je pense que je peux le faire moi-même, je le fais”. C’est notamment le cas :
- D’une tablette en bois fabriquée à partir d’une vieille planche qui traînait dans son garage depuis 25 ans.
- D’une lampe créée à partir d’une plaque en inox, de bois, de quelques tuyaux pour le câble et d’une plaque de verre récupérée dans son garage…
L’esprit de seconde main est même présent jusqu’au jardin : des pierres tombales du 20ème siècle ont été réutilisées pour aménager une terrasse ! “Sorties de leur contexte, ça n’y ressemble plus”, explique Jacques.
“J’ai vu mon père faire beaucoup de choses et je me suis renseigné sur les coûts du faire faire ; ça m’a donné l’envie de m’y mettre !”
Les bons plans de Jacques pour se meubler zéro déchet
Ce que Jacques apprécie dans la seconde main, c’est le partage. “J’aime bien les réseaux de personnes, savoir qui fait quoi, où on peut trouver ceci ou cela : j’aurai fait un bon concierge…”, ironise-t-il !
Il aime se renseigner sur ce qui existe, comment faire, où chercher… “Il n’y a pas que Castorama ou Leroy Merlin”. Il nous partage alors ses meilleurs bons plans pour trouver et customiser LA perle rare :
1. Le ferrailleur Estève à Guipavas : “Si j’habitais à côté, j’irai tous les jours !”, plaisante Jacques. Il s’y rend 2 à 3 fois par mois et pour lui c’est une vraie mine d’or : “Il y a des arrivages tous les jours, toutes les heures… il faut y être au bon moment !”. Jacques est tombé dedans quand il était petit : “Je vais chez le ferrailleur depuis 1974, mes parents habitaient à côté. A 10 ans, je passais mon temps à fouiller et à récupérer des trucs” raconte-il.
Le conseil de Jacques pour faire de bonnes trouvailles ? “Il ne faut pas chercher quelque chose en particulier car généralement on trouve autre chose”, explique-t il.
Le ferrailleur collecte les métaux dont les artisans se débarrassent :
- Aluminium
- Zinc
- Inox
- Mais aussi vaisselle, bibelots…
Jacques y a déniché 2 beaux radiateurs en fonte à 20 euros le lot, qu’il a fait sabler à Plouguin. Les artisans ont ensuite appliqué de la peinture thermo-laquée, pour 80 euros le tout !
2. Le lycée Vauban : Jacques fait appel à des amis professeurs en filière chaudronnerie du lycée pour :
- Découper du métal.
- Souder et plier.
- Réaliser certaines pièces de mobilier.
En effet, les lycéens ont réalisé le bel escalier en colimaçon d’inspiration Eiffel qui trône au premier étage de sa maison. Du CAP au BTS, cela leur permet d’avoir un projet pratique sur lequel travailler : “La première année ils font le plan, et la deuxième ils fabriquent”. Jacques paie seulement 30% de plus que le prix de la matière brute. Même si les délais sont un peu plus longs, c’est gagnant-gagnant : Jacques obtient une pièce unique et personnalisée !
3. La page Facebook Que du Vintage 29 : des particuliers qui vendent des objets de décoration et du mobilier sur tout le Finistère !
4. Les vide-maisons : ils sont remplis de trésors cachés ! “Quand on me demande ce que je cherche, je suis incapable de répondre, c’est en voyant les choses que je peux dire si ça m’intéresse ou pas”, raconte Jacques. Il a déniché par exemple :
- Un secrétaire d’époque acheté 300 euros.
- Un majestueux lustre aux 8000 pampilles, chiné à 200 euros.
Concernant les essentiels à avoir pour se mettre à bricoler, Jacques est formel : “Tous les outils sont indispensables et il en faut des bons !”. Selon lui, pas besoin de formation professionnelle mais quelque chose de plus profond : l’envie. “Quelqu’un qui a envie d’apprendre va réussir”, raconte Jacques.
Si vous avez besoin d’aide pour réparer un objet, avant de vous rendre à la déchèterie, renseignez-vous auprès de votre collectivité, de nombreux cafés atelier réparation sont organisés gratuitement. Et si vous n’avez pas le temps, voici la liste des Repar’Acteurs dans le Finistère. S’y mettre a rencontré Stephan Meyer qui a lancé son activité à Saint-Ségal.
« Ça me stimule quand quelqu’un me pose une question et que je n’ai pas la réponse, je suis tenté d’aller chercher, fouiller…”
En récup’, chaque objet a son histoire !
C’est dans son garage qu’on découvre réellement l’univers de Jacques. Un atelier de bricolage et rénovation rempli d’outils et d’objets de récupération! Grâce à une télécommande connectée, Jacques met en route un vieux tourne-disque qui diffuse l’hommage d’André Malraux à Jean Moulin, un rétroprojecteur diffuse 1001 lumières venant des circuits imprimés… et la magie opère ! Ici un cabinet de curiosités recélant les objets symboliques de sa vie et de sa famille, là des centaines de plaques de rues brestoises sont rangées par ordre alphabétique.
Récupérées à Brest Métropole il y a longtemps, Jacques nous raconte : “Plusieurs rues portent le nom de personnages qu’on ne connaît pas et pourtant ce sont des gens qui ont fait de belles choses. Si je n’avais pas récupéré ces plaques, elles partaient à la poubelle !”. De Fréminville, Yves Bignon… A l’aide des livres des bretons Gérard Cissé et Olivier Polard, il a pour projet de mettre en lumière ceux “qui ont œuvré pour Brest, qui l’ont fait rayonner et qui sont tombés dans l’oubli”. Qui sait, peut-être que cette belle initiative fera l’objet d’une exposition un jour !
“Je me considère comme un sauveteur du patrimoine, à mon échelle et en toute humilité bien sûr”
Les autres démarches zéro déchet de Jacques
Même si la démarche zéro-déchet de Jacques est tournée vers l’ameublement et la décoration, il n’en oublie pas pour autant les autres aspects de la vie quotidienne, car il :
- Utilise un compost
- Cultive son jardin au naturel, sans produits chimiques
- Favorise l’achat en circuit-court grâce au Jardin des Saveurs de Landunvez pour ses fruits et légumes et fait partie d’une MAP
- Privilégie les bières bretonnes locales : « ce sont les meilleures… avec modération bien sûr ! ».