Le téléphone portable : difficile de s’en passer aujourd’hui ! Depuis 2016, il s’en vend chaque année près de 1,5 milliard dans le monde. Pourtant, l’empreinte environnementale de ce petit objet est loin d’être anodine. Découvrez l’impact écologique d’un smartphone, son processus de recyclage et les astuces pour faire durer votre mobile plus longtemps.
De la fabrication au recyclage : le cycle de vie d’un téléphone portable
Un téléphone portable recèle de nombreuses matières premières valant de l’or ! Avant d’être recyclé, les téléphones sont triés avec d’autres petits appareils électroniques en mélange. Au centre de tri de Paprec, différentes opérations sont réalisées pour réussir à séparer les différentes matières.
L’ACV d’un mobile (Analyse de Cycle de Vie) permet d’en identifier les impacts sociaux et environnementaux tout au long de son existence.
Votre smartphone a connu un long parcours et a voyagé à travers le monde avant de se retrouver entre vos mains !
1. Conception, le plus souvent aux États-Unis.
2. Extraction et transformation des minerais dans divers endroits du globe : Asie du Sud-Est, Australie, Afrique centrale, Amérique du Sud.
Il faut une cinquantaine de métaux pour fabriquer un smartphone :
- 80 % à 85 % de métaux ferreux et non ferreux (aluminium, cuivre, étain, chrome…)
- 0,5 % de métaux précieux (or, argent, platine…)
- 0,1 % de terres rares (gallium, tungstène, indium…)
- 15 % à 20 % d’autres substances (carbone, cobalt, magnésium…)
3. Transport des matières premières et fabrication des composants en Asie, aux États-Unis, en Europe.
4. Transport des composants (écran, puces, carte-mère…) et assemblage en Asie du Sud-Est.
5. Distribution à travers le monde en avion.
6. Utilisation
7. Fin de vie.
Découvrez l’usine Umicore en Belgique qui récupère les métaux précieux contenus dans les téléphones portables
Quels sont les impacts du smartphone sur la planète et les humains ?
L’analyse du cycle de vie d’un smartphone laisse imaginer quels sont ses impacts, à la fois sur le plan environnemental et social.
Impacts sur la planète
La fabrication, puis l’utilisation et enfin le recyclage d’un téléphone portable produisent des gaz à effet de serre. Mais c’est surtout la première étape qui est responsable de pollutions, surtout lorsque l’on sait que pour fabriquer un appareil de 5,5 pouces, il faut environ 200 kg de matières.
L’exploitation des mines pour l’extraction des matériaux conduit à la destruction d’écosystèmes, à la pollution de l’eau, des sols et de l’air. En Amérique du Sud, par exemple, la production du lithium génère une consommation massive d’eau qui compromet la survie des populations locales.
Les différentes étapes de la fabrication d’un téléphone portable engendrent par ailleurs de nombreux trajets en avion : on estime qu’un smartphone parcourt 4 fois le tour du monde de sa conception à sa commercialisation.
Enfin, son utilisation quotidienne donne lieu à une consommation d’électricité. Chaque fois que vous vous connectez à internet, que vous jouez ou que vous ouvrez une application, vous sollicitez les data centers qui tournent à plein régime.
Depuis le 1er janvier 2022, les opérateurs mobiles et fournisseurs d’accès à internet doivent indiquer à leurs clients l’empreinte carbone de leur activité numérique en équivalent CO2, ainsi que l’impact environnemental de leurs appareils : une bonne manière de nous faire prendre conscience du coût écologique de cet objet devenu indispensable à nos vies.
Impacts sur les hommes et les femmes
Dans les pays où l’on extrait les minerais, la pollution des sols, de l’eau et de l’air engendre de nombreuses maladies chez les populations exposées. Et que ce soit dans les mines ou dans les ateliers d’assemblage, les conditions de travail déplorables excluent tout respect des droits humains.
Selon l’UNICEF, plus de 40 000 enfants travailleraient dans les mines de cobalt et de coltan, au sud de la République Démocratique du Congo.
Comment se passe le recyclage d’un smartphone ?
Si recycler votre téléphone portable n’annulera pas les effets délétères de l’industrie du smartphone sur l’environnement et l’humain, il contribue néanmoins à la diminution du nombre de nouveaux appareils sur le marché, et à la maîtrise des substances libérées lors de sa dégradation.
Avant de connaître les différentes étapes du recyclage, il est important de savoir que plus de la moitié des Déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) échappent à la filière de recyclage agréée. Le plus souvent, ils terminent leur vie dans le fond d’un tiroir. Mais, mal triés, ils peuvent aussi être envoyés à l’étranger, en Afrique et en Inde principalement. Ils finissent alors dans des décharges à ciel ouvert et libèrent des substances toxiques, où des enfants récupèrent matériaux et pièces détachées.
Lorsqu’un smartphone est déposé dans un bac ou lieu de collecte, voici le parcours qui l’attend :
1. Test de fonctionnement. Si le téléphone est réparable ou fonctionnel, il passe en circuit de reconditionnement. Sinon, il part en circuit de recyclage.
2. Envoi vers une entreprise de valorisation d’équipements électroniques, qui récupère une partie des matériaux et valorise le reste énergétiquement (incinération pour générer de l’énergie). Les matériaux sont triés, les composants toxiques et dangereux sont isolés.
4. Décomposition des équipements. Certains composants sont envoyés vers des fonderies spécialisées, certains métaux comme l’or ou l’argent seront réutilisés en électronique, en pharmacie, en bijouterie…
5. Broyage puis tri des fragments grâce à différentes techniques (aimant, champs magnétiques, tri par densité, tri optique par infrarouge)
7. Envoi vers les filières de revalorisation spécifique pour chaque type de matériau.
- Plastiques recyclables : diverses utilisations
- métaux ferreux : armatures pour la construction
- métaux non ferreux : recyclés à 100 % pour fabriquer des pièces automobiles, des câbles
- autres matériaux : valorisation énergétique ou stockage dans des centres spécialisés.
Comment agir pour réduire l’empreinte écologique de son téléphone portable ?
C’est un fait : aujourd’hui, il est difficile de se passer d’un smartphone dans la vie quotidienne. Néanmoins, il est possible de limiter son impact en agissant notamment sur sa manière de consommer :
- Raisonner ses achats : ne pas céder aux effets de mode, fausses promotions, publicités. On sait que 88 % des Français remplacent leur téléphone portable alors que celui-ci fonctionne encore (source : Ademe).
- Si besoin, acheter d’occasion, ou mieux, en reconditionné : le mobile a connu une réparation complète, vous bénéficiez d’un SAV et d’une garantie (souvent 6 mois) ;
- Penser à réparer son smartphone plutôt que le jeter, en trouvant un répar’acteur près de chez vous ;
- Préférer un appareil de petite taille : plus l’écran est grand, plus ses impacts environnementaux sont élevés ;
- Regarder l’indice de réparabilité ;
- Choisir des marques éthiques comme Fairphone qui s’engage à proposer des téléphones portables réparables, avec une batterie détachable (donc remplaçable) et un chargeur universel ;
- Le louer pour une occasion spéciale (raison professionnelle, départ de votre enfant pour un séjour à l’étranger, etc.), par exemple sur Commown.
Nos conseils pour allonger la durée de vie de votre smartphone
Pour réduire son empreinte numérique, la première des choses est de bichonner son téléphone portable pour le faire durer le plus longtemps possible. On sait qu’il faudrait conserver son smartphone 4 ou 5 ans pour que la part de l’utilisation dépasse celle de la production. En réalité, un appareil bien entretenu peut tenir jusqu’à 9 ou 10 ans.
Voici quelques gestes simples à adopter :
- Protégez votre écran avec une coque ou une protection en verre trempé : plus de 80 % des réparations effectuées par des professionnels sur des smartphones concernent des écrans brisés (source : Ademe) ;
- Prévenez la surchauffe : ne l’oubliez pas en plein soleil ni à proximité d’ondes électromagnétiques, laissez-le refroidir après avoir utilisé le GPS ou joué longtemps ;
- Nettoyez-le avec un chiffon doux ;
- Procédez également à son entretien numérique : supprimez régulièrement les applications et fichiers inutiles, transférez vos photos sur un disque dur ou un ordinateur, mettez à jour le système d’exploitation.
D’autres gestes visent à prolonger la durée de vie de votre batterie :
- Maintenez une charge constante entre 20 % et 80 % ;
- Passez en mode « économie d’énergie » ;
- Utilisez le wifi plutôt que la 4G ;
- Passez en mode « avion » la nuit ou mieux, éteignez-le ;
- Désactivez la géolocalisation automatique, les notifications, les applications en arrière-plan.
Ces petits gestes vous permettront par ailleurs d’économiser l’énergie dans la maison.
Comment se séparer de son smartphone ?
Si c’est vraiment la fin entre votre téléphone et vous, plusieurs solutions pour vous en séparer :
S’il est encore utilisable, votre téléphone peut avoir une seconde vie ! Vous pouvez en faire don à une association comme Emmaüs ou une ressourcerie, des structures d’économie sociale et solidaire qui favorisent l’emploi des personnes en réinsertion et remettront votre téléphone sur le marché après un nettoyage des données. Si aucune de ces structures n’existe près de chez vous, vous pouvez le faire en ligne sur jedonnemontelephone.fr : vous recevrez une enveloppe pré-affranchie pour l’envoi de votre appareil.
Si votre téléphone n’est plus utilisable, plusieurs solutions sont possibles :
- reprise par votre opérateur mobile ou dans un magasin de téléphonie : ceux-ci ont l’obligation de les reprendre
- dépôt en point de collecte, souvent en supermarché
- envoi sur des sites spécialisés comme mon ExTel.
Et pour aller plus loin, découvrez le guide de l’Ademe : Longue vie à votre smartphone.