Emilie Bataillon, lorientaise de 29 ans, n’est pas devenue nomade par choix. Quand elle a souhaité emménager sur Plouhinec pour changer d’orientation professionnelle, elle n’a trouvé aucun logement. Ainsi, comme elle avait déjà eu un van pour les vacances, l’idée a fait son chemin d’aménager et de vivre dans son fourgon à l’année. Suivons le parcours d’Emilie pour devenir nomade en mode zéro déchet !
Changer de voie pour vivre selon ses principes
Il y a 2 ans, Emilie, détentrice d’un Master en gestion du littoral ne s’épanouissait plus dans la voie qu’elle avait choisie. Trop d’administratifs et de justificatifs la freinaient dans son objectif professionnel de préserver l’environnement.
Alors, elle a décidé de changer de cap et s’est lancée dans un contrat de qualification pour devenir éducateur sportif, et plus précisément monitrice de kayak au centre nautique de Plouhinec où elle est actuellement stagiaire. Ne trouvant pas de logement, elle s’est lancée avec son père dans l’aménagement d’un fourgon Sprinter H2L2 acheté d’occasion à 5000€ pour 185.000 km. L’objectif était de l’aménager au maximum avec du matériel de récupération et le système D pour des soucis économiques mais aussi écologiques !
Comment aménager son fourgon en mode récup’ ?
Avec un budget de 3000 €, le défi était de transformer un fourgon vide en une petite maison sur roues ! Accompagnée de son fidèle chien Selma, Emilie a donc conçu les plans de son aménagement sur-mesure pour pouvoir y vivre en autonomie et en toutes saisons.
Equipements du camion :
- 2 feux + 1 four avec grill : équipement de bateau acheté d’occasion
- 1 bouteille de gaz et un chauffage
- 1 évier et 1 douchette : équipement de bateau acheté en déstockage
- 1 bidon de 100 litres d’eau pour la douche et la vaisselle
- 1 bidon de 20 litres pour les eaux grises de l’évier
- 1 Berkey pour filtrer l’eau
Aménagement du fourgon
- Isolation réalisée à partir de liège projeté, renforcée par de la laine de mouton et du triofibre. Tout a été chiné sur Leboncoin.
- Les cloisons ont été achetées neuves : Plus elles sont grandes et sur-mesure, plus il est facile d’optimiser l’isolation.
- Le lambris et autres aménagements en bois ont été récupérés pour s’adapter à toutes les dimensions et tous les usages.
- Des chutes de plexi ont permis de réaliser une séparation avec la cellule de conduite… tout en conservant de la lumière.
- Les fenêtres et le lanterneau ont été achetés neuf (car ça part trop vite sur Leboncoin !)
- Le matériel électrique et le panneau solaire ont été achetés neufs afin de garantir la sécurité de l’installation.
Emilie nous raconte : « En fait, je passe ma vie sur Leboncoin ou Vinted… Soit je crée des alertes quand je recherche un produit précis… mais aussi parfois, je surfe pendant des heures à l’affût d’une opportunité ! Il y a parfois des ratés, évidemment, comme un radiateur à essence que j’avais chiné et qu’on n’avait jamais pu installer… Mais, ce n’est pas grave, je le revendrai au même prix ! ».
Emilie n’aime pas le terme « zéro déchet » : « C’est se mettre une pression de fou alors que l’objectif est simplement de réduire son impact sur l’environnement avec des gestes simples et logiques » précise-telle. Pour elle, il est bien plus simple d’adhérer à un mode de vie durable quand on est sédentaire que quand on est nomade car il est, par exemple, plus facile de conserver des plats faits maison ou de stocker du matériel qui pourra être réutilisé plus tard…
Comment organiser son van de façon pratique et minimaliste ?
Dans un fourgon, il faut avoir une place pour chaque chose afin que chaque chose soit à sa place. En effet, comme sur un bateau, quand le véhicule est en route, il faut que tout soit bien rangé et fixé pour que rien ne bouge au moindre écart. Ainsi, il est essentiel d’être organisé et de ranger instantanément après une tâche.
Les différents espaces de rangement d’Emilie
A gauche, en entrant : un siège cache un espace de rangement où Emilie y dépose toute son épicerie et les fruits et légumes qui préfèrent l’obscurité. Ce bac reste relativement frais pour conserver ses aliments quelques jours mais Emilie a aussi à disposition, au centre nautique, un frigo partagé qu’elle utilise quotidiennement.
En face de l’entrée, au-dessus des plaques de cuisson, une étagère très maline et stylée sur laquelle elle a vissé des couvercles de bocaux pour y conserver ses produits en vrac. « J’adore trouver de l’inspiration sur Pinterest et cette étagère a été très simple à réaliser. Il suffit de chiner 6 bocaux type Le Parfait, récupérer une planche de bois de la longueur correspondante et de 6 vis… Visser les couvercles sur la planche de bois à la même distance et le tour est joué! Au-dessus des étagères, elle a aussi fixé des bacs grillagés pour entreposer pains, fruits et légumes frais.
Au-dessus de l’évier : elle a tout son nécessaire d’hygiène et de beauté. Emilie est une adepte de la cosmétique solide ainsi, savon, shampoing, déo en cire d’abeille et dentifrice au charbon et à l’argile sont en mode zéro déchet et parfois fait-maison.
Elle les a tous regroupés dans un petit panier comme ça c’est plus pratique pour aller prendre sa douche au centre nautique. Petite astuce pour le savon de Marseille : elle utilise un porte-savon magnétique afin de pouvoir le fixer et le retrouver facilement au-dessus de l’évier !
Le dressing : Emilie a réduit drastiquement sa garde-robe (retrouvez aussi les conseils de Mathilde pour chiner des produits de seconde main) mais comme elle est maintenant en combinaison toute la journée, cela ne la dérange pas ! Elle possède donc une penderie derrière son Berkey (qui pourra un jour se transformer en cabine de douche si elle le souhaite) et des placards aimantés qui se trouvent au-dessus de son lit d’1m40. Un sac à linge sale permet de regrouper toutes les affaires qui iront directement dans la machine à laver une fois remplie.
Son lit a aussi été chiné et conçu sur-mesure. Il est assez haut pour pouvoir y intégrer sa table de repas et elle dispose ainsi d’un grand espace de rangement pour y intégrer tous ses matériels de loisirs et aussi un WC si elle le souhaite un jour…
L’organisation des courses en mode anti-gaspi
Pour faire ses courses en mode nomade, il faut savoir s’organiser pour ne pas stocker trop de denrées (car peu de places et pas forcément de frigo) et aussi éviter le gaspillage alimentaire.
Emilie, quand elle n’oublie pas (et oui, nul n’est parfait !), prend avec elle son sac à sacs et part à la Biocoop pour acheter les fruits et légumes et les produits en vrac. Elle n’aime pas les hypermarchés qui sont trop grands et sont source de tentation pour des achats compulsifs et en lots !
Le dimanche, elle aime aussi aller au marché pour se faire plaisir mais doit souvent se refreiner car elle ne peut pas conserver les aliments trop longtemps… Alors, parfois quand elle craque ou qu’elle a envie de cuisiner « en grand », elle part chez ses parents et cuisine en mode Batch Cooking et met à congeler ses bons petits plats chez ses parents… qui sont ravis car eux aussi peuvent en profiter !
Un an, seule en fourgon, quelles sont ses conclusions ?
Quand on est en fourgon, il faut déjà trouver un emplacement qui soit sûr et qui ne gêne ni les propriétaires privés ni l’espace public. L’objectif est de trouver un coin isolé, mais pas trop… Ainsi, selon les périodes, Emilie a pas mal baroudé !
- autour du centre nautique de Plouhinec au printemps et l’automne (qui sont pour elle les meilleures saisons en fourgon, ni trop chaud, ni trop pluvieux)
- Dans le camping de Plouhinec pendant l’été
- Cet hiver, on lui a prêté une roulotte avec un poêle : le grand luxe !
Emilie a apprécié tous ses moments en fourgon et a pu bénéficier du confort moderne du centre nautique avec l’accès aux douches et au frigo. Elle a quand même hâte de se sédentariser afin de continuer à vivre en harmonie avec l’environnement, en l’impactant le moins possible ! En effet, elle vient de faire l’acquisition d’un terrain sur lequel elle souhaite se lancer dans l’auto-construction. En attendant, elle continuera à vivre dans son fourgon…
Suite au prochain épisode !